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Photo du rédacteurOlivier Costa

Le RN est-il un parti comme les autres?

D’ordinaire, je ne donne pas mon avis sur les candidats aux élections : chaque citoyen doit se prononcer en son âme et conscience. Mais la situation est exceptionnelle, car les médias ne font pas leur travail et que les outrances des uns et des autres laissent penser que tous les candidats se valent, et que le RN est un parti comme les autres. Il s’est acheté une image de respectabilité et de modération à l’Assemblée nationale – qui contraste avec l’agitation permanente orchestrée par les députés Insoumis – et il est désormais présenté par les médias des grands-patrons réactionnaires comme un parti « normal ». Est-ce vraiment le cas ?




Une entreprise familiale avant tout


Le RN reste une PME aux mains des seuls membres du clan Le Pen, qui partagent trois caractéristiques :

  1. Ils n’ont aucune compétence pour conduire les affaires publiques et n’ont jamais exercé le moindre métier. Le parcours de Jordan Bardella, qui prétend à Matignon, est exemplaire : 28 ans, le bac, aucune autre formation, pas d’expérience professionnelle et un passage au Parlement européen où personne ne l’a jamais vu ;

  2. Ils se soucient avant tout de faire prospérer leur entreprise familiale, leurs intérêts personnels et les affaires des gens qui les soutiennent et les financent ;

  3. Ils se moquent éperdument du sort des Français, en particulier de leur électorat populaire ; eux habitent à Saint-Cloud et sont à l’abri du besoin.





Les conséquences d’une arrivée du RN au pouvoir


Si le RN arrive au pouvoir, il y aura quatre conséquences immédiates :

  1. Les marchés financiers vont prendre peur, car ils n’aiment pas le risque ; certes, les salariés n’ont pas d’actions, mais quand il y a un crash boursier, c’est toute l’économie qui plonge, le chômage qui flambe, et l’Etat qui n’a plus les moyens de financer les politiques sociales ;

  2. Il y aura quelques mesures spectaculaires et symboliques destinées à remettre « de l’ordre » dans le pays ; mais quand on rogne les libertés individuelles, ce ne sont pas les voyous, les blacks blocs ou les djihadistes qui trinquent, mais les citoyens ordinaires, et notamment les plus faibles d'entre eux ;

  3. Les grands-patrons qui font campagne pour le RN et les lobbyistes des grands groupes industriels et financiers français et étrangers savent que les leaders populistes se vendent au plus offrant ; ces derniers vont promouvoir leurs intérêts, qui recoupent rarement ceux des citoyens ;

  4. Les puissances étrangères qui ont financé et soutenu le RN depuis vingt ans, dans une stratégie d’affaiblissement de la France et de l’Union sur la scène internationale, vont exiger leur dû ; les leaders du RN, qui se sont gravement compromis avec eux, devront obtempérer.


Non, tous les partis ne se valent pas


Notre pays est dans une situation difficile à bien des égards. Nombre d’électeurs estiment aujourd’hui que les partis traditionnels ont tous échoué, et que le RN doit avoir sa chance. Mais ses leaders n’ont aucune idée de la manière dont on gouverne un pays et aucun intérêt à ce que sa situation s’améliore, car l’extrême-droite ne prospère que dans le chaos et la peur.



Le RN fait campagne en stigmatisant l’obstination d’Emmanuel Macron et les outrances de Jean-Luc Mélenchon. En somme, les gens dangereux, ce sont les autres. Il est vrai que, par son entêtement christique, Macron agace et déçoit, mais il est entouré de gens compétents et modérés. Le cynisme et la véhémence de Mélenchon effraient ou rebutent, mais il doit composer avec des partenaires politiques raisonnables et républicains. En revanche, du côté du RN, personne n’empêchera le clan Le Pen de n’en faire qu’à sa tête.

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